Le téléphone fixe est en train de devenir un dinosaure, un déclin qui a commencé avec l’apparition des portables. Cette tendance, d’abord visible chez les particuliers s’est peu à peu étendu au bureau, notamment dans l’adoption d’outils unifiés comme Skype par les grosses entreprises. Même si les téléphones fixes ne vont pas disparaître de sitôt, ils sont certainement une espèce en voie de disparition.
L’email est encore plus vieux que le World Wide Web. Alors qu’il a été concurrencé par des outils tels que la messagerie instantanée ou d'autres outils de collaboration, l’email reste un outil de communication clé. Plus récemment, des outils comme Asana, Slack, Trello ou encore Podio ont vu le jour et ont gagné en popularité.
Les smartphones et tablettes ont remplacé avec succès les dinosaures tels que le pagers et PDAs, mais risquent-ils également de disparaître en raison de la popularité croissante des wearables ? Les professionnels de l'informatique ont déjà commencé à adapter leurs politiques BYOD et MDM pour répondre à la croissance de ceux-ci dans l'entreprise. Selon un récent rapport de Gartner, celui-ci prédit que les ventes de wearbles généreront des revenus de 28,7 milliards dollars en 2016.
Aujourd’hui, les employés peuvent aller et venir à leur guise dans la majorité des bureaux grâce à des systèmes de badges. Cependant, les technologies connectées, l’IoT ou encore le Bluetooth tendent à rendre le badge de moins en moins essentiel dans nos vies.
La singularité n'est pas que le nom d'une université ou d'un mode de pensée vulgarisé par Ray Kurzweil. C'est aussi un levier d'innovation que décrypte Olivier Ezraty dans un billet publié sur son blog et que nous vous proposons de (re)découvrir ici. Il nous trace les prémices d'une nouvelle industrie, la "Singularity Industry".
Le thèse de la singularité est née dans les années 1930 puis a pris son essor il y a une vingtaine d’années. Elle a été notamment vulgarisée par Ray Kurzweil en 2005 dans son livre “The singularity is near”. Elle tourne autour du côté inexorable du progrès technologique et notamment informatique et des lois empiriques exponentielles sur lesquelles je m’étais penché dans une autre série d’articles.
Selon cette thèse, à un moment situé aux alentour des années 2030-40, l’homme aura réussi à créer des machines dotées d’intelligence artificielle supérieure à l’équivalent humain. Il sera même potentiellement dépassé par ses propres créations s’il n’arrive pas à les contrôler. On retrouve la thèse dans divers ouvrages tels que Superintelligence de Nick Bostrom et Creating a mind de Ray Kurzweil. Et c’est très bien vulgarisé ici. Pour les plus hardis, cela signifierait la fin de l’espèce humaine ou, dans le meilleur des cas, celle du travail.
Si tout cela relève d’un mélange de prospective, de science et d’économie fiction, il n’en reste pas moins que de nombreux projets de recherche et industriels se situent déjà dans cette trajectoire. Leur impact sera probablement bien plus important sur notre vie et sur l’économie que les actuelles uberisation, nestification et autres transformations numériques du moment. C’est ce que je voudrais creuser ici, histoire de lancer un nouveau débat ! Et aussi, d’alerter sur l’importance politique de ce sujet.
Rappels simplistes sur la singularité et le transhumanisme
Le courant de la singularité est complété par celui du transhumanisme qui associe les innovations informatiques et celles de la biologie et qui pourraient rendre l’espèce humaine quasi-immortelle. Cela passerait par la création de traitements des pathologies mortifères les plus courantes comme les cancers ou d’autres maladies chroniques, notamment d’origine génétique, et par la bionique pour compenser la perte de fonctions ou d’organes, ou pour aller jusqu’à augmenter les capacités humaines, aussi bien cognitives que physiques. On aboutirait à l’homme augmenté par la technologie, nous dirigeant vers la notion de cyborgs.
Ces thèses se retrouvent plus ou moins vulgarisées dans l’esprit du grand public au travers de livres et de films de science fiction. Nous avons eu le lointain ordinateur HAL de 2001 : a Space Odyssey de Stanley Kubrick en 1968. Et plus récemment en 2014, Her qui raconte l’histoire d’un quidam qui entretient une relation à distance avec une femme qui s’avère être un logiciel, Transcendance qui raconte celle d’un chercheur qui arrive à transplanter son intelligence dans un ordinateur et à survivre à sa mort, le reste partant en sucette un peu comme dans Lucy de Luc Besson, et enfin, Ex Machina (2015) qui raconte la relation entre un homme et une humanoïde cherchant à s’humaniser, version modernisée et noire de Bicentenial Man (1999).
Les prévisions des prospectivistes de la singularité et du transhumanisme sont évidemment sujettes à discussion. Qu’il s’agisse du caractère inexorable des exponentielles de progrès qui sont parfois ralenties par des considérations techniques ou économiques, de l’approche scientifiquement contestable des certains écrits sur la singularité, notamment autour de la génomique, ou encore de considérations éthiques sur le bien fondé de cette vision du futur.
Des événements ont vu le jour sur la singularité, aux USA comme en France. Après la conférence Global Future de juillet 2013 à New York, on peut citer Transvision 2014 qui avait lieu à Paris en novembre 2014, organisée par l’Association Française Transhumaniste, l’association fiXience et le groupe de réflexions Traces de l’ESPCI.
La singularité est un credo qui commencer à opposer les progressistes de la technologie d’un côté et de l’autre, ceux qui au contraire mettent en avant les dangers associés. La conférence française dont les sessions sont disponibles en vidéo met bien en lumière cette opposition.
Il existe même un parti politique transhumaniste qui cherche à s’implanter dans différents pays. Il promeut une vision plutôt gauchisante autour de la thèse du “Social Futurism” et de la “Post-scarcity economy“. Dans un monde où les biens seraient abondants, car produits principalement par des machines, on pourrait assurer un revenu minimum pour chacun. Ces idées existaient déjà au 19ième siècle pendant les premières révolutions industrielles et on a vu ce qu’il en est advenu. Se pose d’ailleurs une question simple : si les seuls “travailleurs” restant étaient ceux qui développent les logiciels de l’intelligence artificielle et des robots et fabriquent ces derniers, quelle serait leur motivation ? Le pouvoir ? L’argent ? La création ? Dès lors, quelle que soit la motivation, elle serait un facteur clivant entre classes humaines. Une société sans travail serait aussi une société dominée par les loisirs. Le “bon temps” serait la matière rare. Les saltimbanques de toute sorte auraient alors un rôle plus important dans la société qu’aujourd’hui. Notre cher Vinvin deviendrait une star mondiale ! De nouvelles asymétries économiques se redévelopperaient. En théorie… !