QUI EST YASER MASOUDNIA ?
Titulaire d’un doctorat en management de l’innovation de la Cranfield School of Management en Grande-Bretagne, Yaser Masoudnia a co-fondé WiActs en 2013. Il avait auparavant travaillé avec des institutions financières, des assureurs et des professionnels de santé. Il a participé à la compétition de start-up de l’accélérateur du festival South By Southwest à Austin en 2015, où WiActs figurait parmi les finalistes.
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REPORTAGE Le concept des “hacker houses” est simple : des entrepreneurs et programmeurs du monde entier vivent ensemble pour faire des économies de loyer et créer une communauté propice à la création. Un mode de vie qui attire de nombreux Européens, en quête d'expériences dans la Silicon Valley.
De l’extérieur, 20mission ressemble à n’importe quel bâtiment du quartier de Mission à San Francisco. Seul indice d’originalité, un toit qui surplombe la ville et où il n’est pas rare de voir des sportifs pratiquer leur yoga matinal.
L’endroit compte 41 chambres. Actuellement, 45 colocataires dont quatre Français, cinq Autrichiens, un Danois et un Néerlandais y vivent. Jered Kenna, un ancien militaire américain reconverti dans les Bitcoins, a racheté la bâtisse en 2012. Elle était alors complètement délabrée et il l’acquière à bon prix. “Ce n’est pas du tout aussi profitable que l’on pense, prévient-il. San Francisco coûte très cher. Le loyer d’un studio dans ce quartier tourne autour de 3400 dollars par mois. Je demande 1800 dollars par mois pour un studio [avec salle de bain partagée]. Je pourrai augmenter les prix, mais mon but ce n’est pas de faire de l’argent, c’est de créer une super communauté,” explique Jered Kenna.
Selon le manager, Steve Lombardi, 20mission reçoit de 10 à 15 candidatures par mois, parfois trente, dont environ 30% de candidatures européennes. La maison rassemble un mélange de programmeurs, artistes, entrepreneurs et designers. Les habitants peuvent déverrouiller la porte d’entrée via une application mobile et payer leur loyer en bitcoins. “Certains sont des résidents permanents, d’autres viennent à San Francisco temporairement pour travailler sur leur start-up. Nous fonctionnons surtout par recommandation, via des amis d’amis” ajoute-t-il.
Hugo Sallé de Chou, un Français de 27 ans, a passé six mois dans cette maison en 2013. Il est maintenant co-fondateur de la start-up française Pumpkin, une application mobile qui permet les paiements entre amis. Pumpkin, lancée en 2014, compte environ 20 000 utilisateurs et vient de lever 600 000 euros d’investissement.
En 2013, Hugo était stagiaire chez Dailymotion à San Francisco et l’un des colocataires de 20mission. Dès son retour à Paris, il s’est lancé au sein de son master entrepreneuriat à l’EDEC dans l’aventure des start-up, et crédite pour son inspiration son séjour à San Francisco au sein de 20mission. “A notre arrivée, nous avons d’abord voulu repartir [avec ma petite- amie] car il y avait une seule salle de bain pour 30 personnes et cela paraissait un peu glauque à première vue.”
Ce sentiment a rapidement été remplacé par l’excitation. “Ce n’était pas rare qu’après une discussion ou un dîner, on aille prendre nos ordinateurs et que l’on se retrouve dans une salle pour construire une application tous ensemble. On avait commencé à créer une application intitulée “Hugger”, un mélange entre “hug” (“calin”) et Uber, qui permettait de trouver une personne près de chez toi pour te faire un câlin. On a passé toute une nuit à faire ça, à quatre. Le matin on avait une page d’accueil et un début d’application et trois jours plus tard, tout était oublié. C’est le genre d’émulation qu’il pouvait y avoir là-bas.”
NE PAS ABANDONNER TOUTE VIE SOCIALE
Les histoires à succès ne manquent pas parmi les locataires de 20mission. Allan Grant , le directeur technique et co-fondateur de la start-up californienne Hired, qui a levé plus de 32 millions de dollars d’investissement, y vit depuis 2012. Il y a trouvé son premier designer, responsable de l’image de marque de la start-up. “Habiter dans cette communauté m’a donné accès à une vie sociale alors que je travaillais énormément. Pour un entrepreneur, c’est très pratique de ne pas avoir besoin de sortir tout le temps pour rencontrer des gens!” Hired a d’ailleurs récemment organisé l’après-soirée de sa fête d’entreprise dans la maison, rassemblant 150 personnes.Selon Adonis Gaitatzis, fondateur de la start-up NetNinja, et l’un des tout premiers habitants de 20mission, “de nombreux Européens habitent ou ont habité ici. Surtout des Français et des Autrichiens. Nous avons aussi eu des Espagnols, et quelques Britanniques…”. Il a lui-même recruté ses co-fondateurs parmi ses colocataires. En effet, un avantage supplémentaire des “hacker houses” est la proximité de recrues potentielles, alors que la guerre des talents fait rage dans la Silicon Valley.
À LA RECHERCHE D'ÉMULATION
Quelques rues plus loin, dans le quartier de Soma à San Francisco, la StartupHouse, l’un des premiers espaces de ce genre à San Francisco. Il a également accueilli de nombreux Européens en quête d’aventure entrepreneuriale. Pierre-Simon Ntiruhungwa y a passé deux étés, en 2012 et en 2014. La Startup House compte désormais deux maisons et offre un espace de co-working. Elle fonctionne via un système d’abonnement pour ses membres qui peuvent choisir leur niveau d’implication dans la communauté. “A la Startup House il y avait en moyenne 30 à 40% d'Européens, beaucoup de Français, quelques Anglais et Italiens. Certains viennent pour y vivre, d'autres seulement pour voir la Silicon Valley de leurs propres yeux. Beaucoup rentrent bredouilles quand ils n'obtiennent pas de visa. Moi j’avais absolument envie de rencontrer plus d'entrepreneurs, d’être dans le berceau de l'innovation,” ajoute Pierre-Simon Ntiruhungwa.
Son expérience l’a poussé à créer son propre programme d’immersion pour entrepreneurs étrangers, intitulé Startup Dream Team. Le programme a eu lieu pendant trois années de suite, entre 2012 à 2014. « Le mythe de la Silicon Valley est très fort. Des gens du monde entier entendent parler de cet endroit et veulent en faire partie. Avec la crise de l'immobilier à San Francisco pourtant on sentait que le modèle allait exploser. Il y a eu pas mal d'expérimentations ces dernières années et maintenant des projets plus sérieux voient le jour [comme WeLive], on commence à trouver de nouveaux business models avec des fonds d’investissement pour financer ces maisons ».
En 2013, son programme de huit semaines reçoit 90 candidatures de plus de trente pays. Les locataires comptaient “deux Brésiliens, un Singapourien, un Néerlandais, quatre Canadiens, trois Américains, quatre ou cinq Français”. Des sessions de mentoring sont organisées chaque semaine pour apprendre à pitcher ou à attirer une couverture média, le tout complété par des rencontres avec des entrepreneurs à succès comme le fondateur d’About.me. “Les gens payaient 1500 dollars tout compris. Cela m'a coûté beaucoup plus cher car je n’ai pas eu certains sponsors sur lesquels je comptais,” ajoute Pierre-Simon Ntiruhungwa, qui admet avoir mis longtemps à se remettre financièrement de l’expérience. Le troisième été il décide de loger son groupe dans la Startup House. Cette fois-ci les 16 participants, dont trois Français, ont dû travailler sur une idée en équipe dès le début du programme et ont fini par une présentation publique de leurs projets, un “Demo Day”.
Pierre-Simon Ntiruhungwa vit désormais à Londres où il travaille pour Founders Forum, une communauté pour entrepreneurs, mais il n’a pas renoncé à son rêve de développer Startup Dream Team. “Mon ambition c’est de créer une académie de l'entrepreneuriat, un nouveau type d'éducation pour entrepreneurs, dans le bon environnement avec ce côté campus sympa. Je ne suis pas arrivé au bout de mon idée, notamment pour des raisons financières, mais c’est un projet qui me tient toujours très à cœur. “D’autres Européens expatriés ont compris, comme lui, qu’ils pouvaient faire office de facilitateurs pour leurs compatriotes rêvant de start-up et d’entrepreneuriat à l’américaine. Ben Way, un entrepreneur britannique installé dans la Silicon Valley depuis plusieurs années, vient de créer un programme bon marché d’incubation de start-up, dans une villa de la banlieue de San Francisco. Le programme accueille pour son premier été huit entrepreneurs dont des Britanniques, des Norvégiens, des Australiens et des Chiliens. “La demande provient surtout d’Europe et d’Australie ”, explique-t-il.Achat Asus batterie ordinateur portable - fr-batterie-portable.com
VIVRE CHEZ DES ENTREPRENEURS
Marina Mogilko, co-fondatrice de la start-up russe LinguaTrip, actuellement participante du programme d’accélération de start-up 500 Startups dans la Silicon Valley, teste un autre concept. Elle a créé via LinguaTrip (une plateforme d’apprentissage des langues) un programme de quinze jours dans la Silicon Valley pour une dizaine d’entrepreneurs russes. Logés chez des entrepreneurs locaux et pratiqueront leur anglais via des sessions de mentoring. “Les mentors font payer pour le logement et les cours, et nous prenons un pourcentage là-dessus”, explique Marina. Le programme coûte entre 1200 et 1500 dollars pour deux semaines, tout compris. Linguatrip prévoit d’étendre l’expérience à d’autres nationalités européennes, en Espagne et en Allemagne pour commencer. Marina Volynkina, une entrepreneure russe qui s’apprête à participer au voyage, explique sa motivation : “Cela me permettra de loger chez quelqu'un qui sait comment ça marche ici, afin que je comprenne le fonctionnement de la Silicon Valley. Je veux explorer des opportunités pour ma start-up sur le marché américain (…) et rencontrer des start-up américaines.”