Ces coupes dans les effectifs font suite à la réorganisation du Lab126, où travaillent environ 3000 personnes. Après le fiasco Fire Phone, le développement d'autres smartphones, un temps envisagé, a été interrompu pour une durée indéterminée. L'équipe smartphones a rejoint celle dédiée aux tablettes et e-readers, ce qui a provoqué des redondances.
Amazon a également mis un terme à plusieurs autres projets, dont un stylet intelligent baptisé Nitro (capable de traduire des notes manuscrites en une liste d'achats numérique), un projecteur multi-surfaces appelé Shimmer, et une tablette de 14 pouces au nom de code Project Cairo.
Des annulations qui signalent pour le WSJ une volonté d'Amazon de réduire ses efforts dans le développement de matériel à destination des consommateurs. Pour rappel, dix appareils issus du Lab126 ont été commercialisés l'année dernière, dont l'assistant virtuel Echo à commande vocale ou les boutons Dash, vendus 5 dollars, qui permettent de commander un produit instantanément.
D'autres projets ambitieux continuent cependant, et notamment Kabinet, un ordinateur haut de gamme pensé pour la cuisine et conçu comme un hub pour la smart home. Les ingénieurs travailleraient également sur une batterie pour Kindle dotée d'une autonomie de 2 ans, contre 2 mois à l'heure actuelle.
Le WSJ note que ces mesures sont dans la continuité des décisions récentes d'Amazon. Le directeur financier de l'entreprise avait notamment souligné lors de l'annonce des résultats du deuxième trimestre, en juillet dernier, qu'un contrôle des dépenses plus strict qu'auparavant avait aidé à générer un profit inhabituel de 92 millions de dollars.
Étudiante universitaire à 12 ans, doctorante à 17 et entrepreneur à 20 ans, Danielle Fong a cofondé la société Lightsail Energy en 2009 à Berkeley en Californie. L'entreprise est spécialisée dans les technologies de stockage d’énergie et de compression d’air et compte actuellement 55 employés. Elle est soutenue financièrement par Bill Gates ainsi que par les investisseurs Peter Thiel et Vinod Khosla. Entretien au sujet du futur de l'énergie, de sa technologie de stockage et de l'entreprenariat.
L'Usine Digitale - Lightsail Energy a de nombreux concurrents, notamment Sustain X soutenu par General Electric et General Compression aux Etats-Unis, et la compression d'air pour produire de l'énergie n'est pas une méthode nouvelle. Comment vous différenciez-vous?
Danielle Fong - Comprimer de l'air crée de l'énergie thermique. Jusqu'à présent, cette énergie était gaspillée, car les gens rejetaient la chaleur obtenue. Imaginez l'exemple de la chaleur obtenue avec une pompe à vélo. Nous sommes les inventeurs d'un compresseur adiabatique breveté et bien plus efficace que ce qui a été fait jusqu'à présent. Notre innovation repose sur une méthode élégante permettant de capturer la chaleur et d'en tirer ensuite de l'énergie utile. Nous injectons un jet dense de brume qui absorbe rapidement l'énergie thermique issue de la compression de l'air. Nous sommes les seuls à utiliser de l'air humide dans ce processus. Nous stockons ensuite cette énergie thermique dans un réservoir de notre fabrication. Lors de la détente de l'air comprimé, la chaleur stockée est vaporisée et reconvertie en énergie mécanique.
Nos concurrents utilisaient la méthode de la compression hydraulique, lors de laquelle l'air se détend toutes les dix secondes. Avec notre solution, la détente a lieu 10 à 20 fois par seconde. Ils ont tenté par la suite d'utiliser des jets de brume comme nous, mais nous possédons 58 brevets. Nous obtenons un résultat supérieur avec un volume réduit donc notre solution coûte bien moins cher. Pour obtenir le même résultat énergétique avec le système de compression traditionnel, il faudrait un système bien plus large, d'où la différence de prix. Notre concurrent Sustain X a abandonné son approche et a voulu fusionner avec nous, mais nous avons refusé.
Ce que nous faisons est risqué, mais pas impossible, la preuve. Or, on nous disait au début que c'était impossible. Certaines personnes qui ont refusé de nous financer investissaient dans des ordinateurs quantiques ou des choses bien plus complexes que ce que nous faisions. En tant qu'entrepreneur, il est crucial de pouvoir déterminer ce qui est faisable ou pas. Elon Musk par exemple, a été capable de choisir des projets qui étaient tout juste faisables, à la limite de l'impossible - mais réalisables dans la limite de ses ressources. Et encore, il a failli se ruiner.
Quelles sont les applications possibles de votre technologie ?
Nous voulons que notre système de stockage d'énergie permette de s'adapter à la fluctuation de la demande et de l'offre. Comparons le réseau électrique à la circulation automobile. Quand la route est libre, on peut faire passer bien plus de voitures. C'est pareil avec le réseau électrique. Quand les utilisateurs utilisent moins d'énergie il y a de la place sur le réseau pour faire circuler de l'électricité. On peut donc transporter cette électricité produite par le solaire et les éoliennes, et la stocker ailleurs. Comme si on utilisait une place de parking, et qu'on attendait la fin du bouchon pour fournir cette énergie aux gens seulement quand ils ont en besoin. Si on faisait cela correctement, on utiliserait le réseau au maximum de ses capacités, ce qui est largement plus rentable.
Cela donne aussi accès à de l'énergie solaire et éolienne quand il n'y a ni vent ni soleil, et permet par ailleurs de s'adapter à la fluctuation de la demande. Dans un bâtiment résidentiel, commercial ou industriel, ou dans une ville, cela réduit le coût de l'électricité car on peut l'utiliser quand personne d'autre ne s'en sert. Les gens achèteraient moins pendant les heures de pointe.
Un autre exemple d'application c'est la redistribution d'énergie renouvelable dans les bâtiments. Les structures autonomes représentent une partie de ce qu'il est possible de faire avec cette technologie. Quand on comprime de l'air on produit de la chaleur et lors de la détente on produit du froid en absorbant la chaleur, donc on produit deux sources d'eau chaude et froide, que l'on peut redistribuer au sein d'une installation. Le rendement énergétique du lieu devient donc particulièrement bon (notamment s'il y a besoin de chaud et de froid en permanence, comme dans un hôtel, ndlr). Nous ciblons avant tout les chaînes d'hôtel, mais aussi les fermes solaires et les parcs éoliens, et toutes les industries qui utilisent beaucoup d'énergie, comme les centres de données, et les industries qui ont besoin de réfrigération comme l'alimentaire.
Quel partenariat avez-vous mis en place avec le groupe français AIA Associés pour le projet AIR4POWER?
AIA Associés (structure française transversale associant architectes, ingénieurs et économistes, ndlr), veut utiliser notre technologie pour redistribuer de l'énergie dans les bâtiments via cet effet secondaire de chaleur et de refroidissement. Cela correspond exactement à notre vision. Il faut savoir que 70% de l'énergie dans le monde (et 40% dans les pays développés, ndlr) est absorbée par le secteur du bâtiment, et 70% de cette énergie est dépensée pour le chauffage et le refroidissement. Nous avons cherché le bon partenaire dans ce domaine pendant des années.
Quel est votre plan de développement ?
Nous procédons en deux étapes. D'abord, nous construisons des réservoirs de stockage, que nous allons commercialiser en premier. De nombreuses industries utilisent des réservoirs cylindriques capables de stocker des gaz divers à forte pression. Elles ont besoin de déplacer du gaz naturel ou bien du gaz industriel comme de l'azote, etc. Nous ciblons ces clients là et nous venons de passer les tests de certification.
La deuxième étape concerne notre système de stockage d'énergie. En 2016 nous commencerons les premiers tests pilotes, et en 2017 nous pensons pouvoir commencer la fabrication. C'est un long processus. Je dirais que nous sommes à deux tiers sur la voie de la rentabilité. Nous avons levé plusieurs millions de dollars, mais pour continuer à nous développer nous avons besoin de plus. On se focalise actuellement sur des investisseurs internationaux et des entrepreneurs de la Silicon Valley qui veulent avoir un impact.
Vous avez lancé cette entreprise à 20 ans. Quels conseils pouvez-vous donner à nos lecteurs?
Il faut absolument choisir quelque chose qui vous passionne. Nous avons réussi à durer et à rester concentrés sur notre objectif car nous sommes vraiment persuadés que le monde a besoin de cette technologie. De nombreux entrepreneurs courent après la nouvelle idée à la mode. Cette année c'était Uber pour ceci ou cela. Avant c'était le financement participatif, et encore avant les bitcoins. 90% des entrepreneurs gaspillent leurs talents en choisissant des domaines dont le monde n'a pas besoin et qui ne leur permettent pas de se différencier. J'ai commencé mon doctorat à 17 ans, mais j'ai abandonné car je pensais que la planète avait besoin d'une solution urgente dans le domaine de l'énergie.
J'ai constaté que mes professeurs passaient beaucoup de temps à lever des fonds tandis que Facebook à l'époque venait d'être valorisé 15 milliards de dollars. Je me suis dit que je devrais faire fortune d'abord pour investir cet argent dans la recherche ensuite. Je me suis intéressée à Wall Street et à la Silicon Valley, et j'ai choisi cette dernière. Je voulais créer une startup dans les logiciels mais mon idée concernant la compression d'air a attiré l'attention de certaines personnes, nous avons créé cette entreprise et nous avons levé nos premiers fonds.
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