DEVOIR DE TRANSPARENCE VIS-¨¤-VIS DES MARCH¨¦S
En juillet 2014, plus de quatre mois avant la finalisation de cette op¨¦ration ¨¤ 13,2 milliards d¡¯euros, la Lettre de l'Expansion avait d¨¦j¨¤ indiqu¨¦ qu¡¯une investigation ¨¦tait en cours, mais men¨¦e cette fois par l'Autorit¨¦ des march¨¦s financier. Pendant le feuilleton de ce rachat aux nombreux rebondissements, marqu¨¦ par des surench¨¨res r¨¦p¨¦t¨¦es des deux pr¨¦tendants, l¡¯AMF avait rappel¨¦ ¨¤ l'ordre les diff¨¦rents protagonistes en les enjoignant de respecter les r¨¨gles de communication financi¨¨re.
Elle avait notamment indiqu¨¦ aux diff¨¦rents acteurs concern¨¦s qu'ils avaient un devoir de transparence vis-¨¤-vis des march¨¦s, bien que la vente de la principale division de Vivendi ne soit pas soumise au cadre juridique strict des offres publiques car elle n¡¯est pas cot¨¦e en Bourse.
L'ENTREPRISE DANS UN ¨¦TAT JAMAIS VU
Contact¨¦ par L'Usine Nouvelle, Olivier Lelong, d¨¦l¨¦gu¨¦ syndical central CFDT chez SFR confirme la perquisition depuis ce matin ¨¤ 10 heures des si¨¨ges de SFR ¨¤ Saint-Denis, Numericable ¨¤ Champs-sur-Marne, ainsi que de celui de Virgin ¨¤ Levallois. Une vingtaine de personnes dont des policiers et des membres de la DGCCRF sont arriv¨¦s et se sont fait conduire ¨¤ l¡¯¨¦tage du Comex, explique le syndicaliste bas¨¦ au si¨¨ge de SFR. Depuis ils descendent dans les ¨¦tages et la hi¨¦rarchie. Ils ont perquisitionn¨¦, pris des ordinateurs, des documents, des disques durs, des t¨¦l¨¦phones et mis des bureaux et m¨ºme certaines zones d¡¯open-space sous scell¨¦es. Les rubans pendent entre les bureaux !
Selon Olivier Lelong, la direction n¡¯a donn¨¦ aucune information ¨¤ ses employ¨¦s sur ce qui se passait. Nous savons seulement que cela porte sur l¡¯acquisition de SFR. Le syndicaliste pr¨¦cise par ailleurs que l¡¯ambiance et l¡¯entreprise sont dans un ¨¦tat jamais vu. Un grand nombre de directeurs ont ¨¦t¨¦ limog¨¦s, et il y a d¡¯autres top managers qui sont tellement d¨¦gout¨¦s qu¡¯ils sont pr¨ºts ¨¤ rendre leur tablier. Il y a des d¨¦fauts de paiement des fournisseurs et des gens qui ne font plus rien, car il n¡¯y a plus de budget. A 16h30, les enqu¨ºteurs ¨¦taient toujours sur place chez SFR.
L'industrie 4.0 ? Plutôt que d'en parler, on a voulu la montrer, r¨¦sume le designer Clemens Weisshaar. Avec son acolyte Reed Krams, ils ont imagin¨¦ une installation ¨¤ mi-chemin entre le design, l'art, l'industrie et la technologie. Pos¨¦e au milieu du pavillon Code_N, l'un des deux espaces du CeBIT de Hanovre d¨¦di¨¦ aux start-up innovantes, il s'agit d'une v¨¦ritable mini usine du futur, compos¨¦e de quatre bras robotiques, capable de façonner des pi¨¨ces uniques, entre meubles et sculptures, ¨¤ partir de cubes de polystyr¨¨ne. Chaque internaute, depuis son ordinateur, sa tablette ou son smartphone, peut creuser, d¨¦couper, faire pivoter ce cube pour cr¨¦er un objet ¨¤ distance grace au site robochop.com... et ensuite le recevoir chez lui.
Il a fallu plusieurs mois de travail aux designers, qui se sont entour¨¦s d'ing¨¦nieurs, de d¨¦veloppeurs, de sp¨¦cialistes de la robotique, pour donner corps ¨¤ leur vision et façonner cette ligne de montage pas comme les autres. Ce qui a ¨¦t¨¦ compliqu¨¦, c'est de rendre simple le processus de bout en bout, explique Clemens Weisshaar. Il nous a fallu d¨¦tourner ces robots, que l'on retrouve plutôt dans des usines Volkswagen ou Audi, de leur but premier. Ils sont plutôt habitu¨¦s ¨¤ effectuer des taches r¨¦p¨¦titives. Ici, la d¨¦marche est inverse, les possibilit¨¦s de mouvements sont infinies.
COMMANDER UNE USINE DU BOUT DES DOIGTS
Comment fonctionne cet ¨¦trange ballet robotique ? Grace ¨¤ une interface web et mobile, les internautes peuvent façonner un objet en trois dimensions en d¨¦coupant des formes dans les cubes virtuels de 40cm3.Si le design est s¨¦lectionn¨¦ par l'¨¦quipe de Robochop, les informations sont envoy¨¦es jusqu'au robot qui transcrit ces ordres virtuels dans l'espace r¨¦el, et calcule automatiquement les mouvements ¨¤ effectuer pour reproduire la forme avec pr¨¦cision. Il manipule ensuite le cube en trois dimensions autour d'un fil chauff¨¦ pour façonner la forme souhait¨¦e en quelques minutes.Ce sont 2 000 objets qui vont ¨ºtre fabriqu¨¦s de cette mani¨¨re, puis envoy¨¦s gratuitement ¨¤ leurs concepteurs, pendant ce CeBIT 2015. Le duo ¨¤ l'origine de cette exp¨¦rience imagine d¨¦j¨¤ d'autres dispositifs autour de leur sujet de recherche favori : la rencontre des mondes r¨¦el et virtuel.
La r¨¦volution num¨¦rique ne perturbe pas que le business. Le travail aussi ¨¦volue sous les coups de boutoir du digital. Contrats, outils, l¨¦gislations, missions, relations patron-salari¨¦... La transformation digitale perturbe nos bonnes vieilles organisations et r¨¦glementations pens¨¦es, il faut le dire, pour une soci¨¦t¨¦ industrielle. L'Usine Nouvelle a enqu¨ºt¨¦ pour d¨¦crypter ces changements, sans ang¨¦lisme ni pessimisme.
Je t¡¯aime, moi non plus ! Le sentiment des salari¨¦s sur la num¨¦risation de l¡¯¨¦conomie traduit tout le paradoxe de ce ph¨¦nom¨¨ne. S¡¯il d¨¦truit les emplois d¡¯hier, le num¨¦rique ne remplace pas le travail. Il le remod¨¨le. Pour cela, il dispose d¡¯alli¨¦s insoupçonnables, bien sous tous rapports, comme l¡¯ordinateur personnel et le smartphone. Dans toutes les poches, ce dernier sape progressivement les fondements de la relation employeurs-salari¨¦s. ¨¤ l¡¯aide d¡¯une simple connexion et d¡¯une application, tout un chacun peut travailler n¡¯importe o¨´, n¡¯importe quand. C¡¯est un encouragement au travail ind¨¦pendant et ¨¤ la libert¨¦, estiment les plus optimistes. Une remise en cause des droits sociaux et une pr¨¦carit¨¦ g¨¦n¨¦ralis¨¦e, alertent les plus sceptiques. Ambiguë, la r¨¦volution en cours d¨¦stabilise tout, y compris nos cadres traditionnels de pens¨¦e. S¡¯il est difficile de pr¨¦voir jusqu¡¯o¨´ ira cette transformation, une chose est sûre, elle va vite et semble in¨¦luctable. Pour le meilleur et pour le pire.
DEMAIN, TOUS IND¨¦PENDANTS ?
La plupart des individus ont d¨¦sormais en main des outils que seule l¡¯entreprise fournissait jusqu¡¯ici, leur offrant une puissance de calcul, du stockage, des logiciels, des informations, des contacts, de la formation¡ Les plates-formes d¡¯interm¨¦diation, comme Amazon, Alibaba, Le Bon Coin, Uber et Airbnb, offrent de multiples opportunit¨¦s pour utiliser ces outils. En mettant en relation des taches avec des internautes n¡¯importe quand, n¡¯importe o¨´ dans le monde, elles deviennent un m¨¦canisme de coordination du travail, explique Antonio Casilli, maître de conf¨¦rences en humanit¨¦s num¨¦riques ¨¤ Telecom ParisTech. On parle m¨ºme d¡¯uberisation du travail, en r¨¦f¨¦rence ¨¤ la start-up californienne Uber, devenue embl¨¦matique de cette tendance, et ¨¤ ses chauffeurs, des travailleurs ind¨¦pendants. Le concept se g¨¦n¨¦ralise et s¡¯¨¦tend ¨¤ la livraison de fleurs, de repas, aux services de nettoyage... ¨¤ chaque fois, c¡¯est un travail ¨¤ part enti¨¨re que r¨¦alisent ces nouveaux travailleurs ind¨¦pendants, puisqu¡¯ils se chargent de la mise en ligne, de la mise en valeur, de la relation avec le client, de la transaction. Il suffit d¨¦sormais de soixante secondes pour devenir entrepreneur, r¨¦sume Brian Chesky, le CEO et fondateur d¡¯Airbnb. Et pas beaucoup plus, avec une imprimante 3D, pour devenir un industriel !
DES MILLIERS D¡¯ING¨¦NIEURS HORS LES MURS
L¡¯industrie n¡¯¨¦chappe pas ¨¤ la mutation du travail par le num¨¦rique. Les internautes disposent d¨¦sormais des moyens de fabriquer des produits. Une tablette, un logiciel de CAO, une imprimante, et le tour est jou¨¦. En tout cas, pour certains produits simples. Pour les plus complexes, il existe les fablabs, ces espaces collaboratifs qui donnent acc¨¨s ¨¤ des machines de fabrication jusqu¡¯ici r¨¦serv¨¦es aux industriels : postes ¨¤ souder, thermoformeuses, fraiseuses, d¨¦coupes laser, oscilloscopes, machines ¨¤ d¨¦coupe vinyle et postes de CAO. De quoi transformer les ing¨¦nieurs et concepteurs en nouveaux prestataires de l¡¯innovation qu¡¯un industriel pourra solliciter au travers de plates-formes technologiques, de communaut¨¦s ou de hackatons, ces ¨¦v¨¦nements collaboratifs mont¨¦s pour d¨¦velopper un projet informatique (logiciel, application¡).
Le constructeur automobile Local Motors confie le design et l¡¯ing¨¦nierie de ses mod¨¨les ¨¤ une communaut¨¦ open source en ligne. L¡¯entreprise ne compte qu¡¯une douzaine de concepteurs, mais a f¨¦d¨¦r¨¦ quelques milliers de contributeurs permanents et peut compter sur des dizaines de milliers de contributeurs occasionnels. Les bureaux d¡¯¨¦tudes, la conception et l¡¯ing¨¦nierie sont ainsi d¨¦port¨¦s et ¨¦clat¨¦s dans le cloud. Ce mode de fonctionnement permet de b¨¦n¨¦ficier de personnes passionn¨¦es et comp¨¦tentes, pourtant hors de notre industrie, explique Jay Rogers, le PDG. Nous int¨¦grons une force de travail de loisir, de passion. Pour autant, notre relation avec eux est une relation de partage et nous devons les soigner pour ne pas les perdre !
GE Electromenager, rachet¨¦ par le su¨¦dois Electrolux, a pouss¨¦ l¡¯exp¨¦rience plus loin. En moins d¡¯un an, il a bati un tout nouveau processus industriel appel¨¦ FirstBuild, en partenariat avec Local Motors, le fabricant d¡¯imprimantes 3D MakerBot et la chaîne de fablabs Techshop. Il invite designers et ing¨¦nieurs ¨¤ relever des d¨¦fis autour de ses propositions, de ses donn¨¦es et de ses produits. Les meilleurs prototypes sont fabriqu¨¦s en petite s¨¦rie et vendus sous la marque FirstBuild. En cas de succ¨¨s commercial, ils passent dans le processus traditionnel de production GE et les ¨¦quipes int¨¨grent l¡¯entreprise. Ce ne sont donc plus des salari¨¦s qui conçoivent et fabriquent les prototypes, mais des membres de la communaut¨¦. Ils ne travaillent pas au sein de l¡¯entreprise et la plupart n¡¯auront jamais de contrat avec elle. Cette nouvelle façon de produire induit aussi de nouvelles formes de recrutement, de gestion des ressources humaines, d¡¯emploi.
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