10 CENTIMES DU KILOM¨¨TRE
Bas¨¦e ¨¤ Paris, la jeune pousse fond¨¦e en 2007 par C¨¦dric Nicolas compte actuellement une dizaine de salari¨¦s. Son service est bas¨¦ sur la cr¨¦ation de petites communaut¨¦s, de 5 ¨¤ 50 personnes maximum, qui vivent et travaillent ¨¤ proximit¨¦ les unes des autres. Elles entrent en contact via l'application et organisent leurs allers-retours pour se rendre au bureau en quelques clics. Le transport coûte aux passagers 10 centimes du kilom¨¨tre. Ils payent le conducteur via un portefeuille ¨¦lectronique rechargeable.
Wedrive n'a pour l'instant pas de mod¨¨le ¨¦conomique d¨¦fini : les utilisateurs ne r¨¦mun¨¨rent pas la start-up. Ils payeront peut-¨ºtre un jour, mais nous pourrions aussi facturer notre service ¨¤ d'autres acteurs : les villes, dont les infrastructures de transport se d¨¦sengorgent grace au covoiturage, mais aussi les entreprises, qui n'ont plus besoin de construire des parkings gigantesques pour accueillir la voiture de chacun de leurs salari¨¦s, d¨¦taille C¨¦dric Nicolas, PDG de Wedrive.
50 MILLIONS D'UTILISATEURS EN EUROPE
Les premi¨¨res communaut¨¦s de transport ont vu le jour ¨¤ V¨¦lizy-Villacoublay, o¨´ est notamment situ¨¦ le si¨¨ge de Dassault-Syst¨¨mes. PSA mise sur une adoption rapide du syst¨¨me : Nous croyons que le potentiel de cette application d'usage quotidien est encore beaucoup plus important que celui d'un service de covoiturage occasionnel. On estime jusqu'¨¤ 50 millions le nombre d'utilisateurs potentiels en Europe de l'Ouest et 11 millions en France, s'enthousiasme Brigitte Courtehoux, directrice de la business unit service connect¨¦s et mobilit¨¦ de PSA.
Mais l'¨¦ventuel boom de l'utilisation de Wedrive ne rapportera pas un centime ¨¤ PSA. Alors pourquoi investir dans la start-up ? Le constructeur veut int¨¦grer l'application directement sur l' ordinateur de bord de ses voitures d'ici ¨¤ 2015. L'interface utilisateur a ¨¦t¨¦ pens¨¦e pour un tableau de bord et pas seulement pour un smartphone, souligne C¨¦dric Nicolas. Un investissement de quelques centaines de milliers d'euros sera n¨¦cessaire pour effectuer les d¨¦veloppements logiciels requis.
TOUCHER DE NOUVEAUX CLIENTS
Le covoiturage semble en contradiction avec l'activit¨¦ de construction automobile de PSA. Plus les automobilistes le pratiquent, moins l'entreprise vend de voitures. Mais int¨¦grer cette nouvelle fonction ¨¤ ces v¨¦hicules pourrait lui permettre de toucher de nouvelles cibles. Des personnes qui prenaient les transports en commun pour aller au travail vont se tourner vers l'automobile.
Cette philosophie a d¨¦j¨¤ fait son chemin chez PSA, qui d¨¦veloppe depuis plusieurs ann¨¦es des offres li¨¦es ¨¤ la voiture partag¨¦e, comme Mu. Ce service lanc¨¦ en 2010 par Peugeot permet ¨¤ ses utilisateurs de louer une voiture, un utilitaire, un scooter ou un v¨¦lo de la marque pour une dur¨¦e courte. Citroën apporte ¨¦galement sa pierre ¨¤ l'¨¦difice avec Multicity Carsharing, son service de v¨¦hicules en libre-service lanc¨¦ ¨¤ Berlin en 2012.
Pendant deux jours ¨¤ Shenzhen, capitale mondiale du hardware, l'¨¦quipementier t¨¦l¨¦com chinois Huawei a invit¨¦ 13 start-up de la French Tech, s¨¦lectionn¨¦es lors de deux concours ¨¤ Lille et Lyon. Objectif : faire tomber les barri¨¨res culturelles entre les ¨¦cosyst¨¨mes français et chinois.
Et si le premier supporter de la French Tech ¨¦tait¡ chinois ? En invitant pendant deux jours ¨¤ Shenzhen des start-up tricolores et acteurs de l'¨¦cosyst¨¨me (comme Numa ¨¤ Paris et Euratechnologies ¨¤ Lille), le chinois Huawei a marqu¨¦ des points dans le cœur des jeunes pousses françaises. Et fait un joli pied de nez ¨¤ ses concurrents, que l'on attendait plus sur ce terrain, dans un rôle d'ambassadeur ¨¤ l'international.
Le chinois n'a pas l¨¦sin¨¦ sur les moyens pour r¨¦ussir son coup. 600 000 euros de prix ont ¨¦t¨¦ d¨¦cern¨¦s ¨¤ 13 start-up françaises lors de deux concours, organis¨¦s en juin et septembre avec La cuisine du web ¨¤ Lyon et Euratechnologies ¨¤ Lille. Les gagnants ont ¨¦t¨¦ invit¨¦s les 30 et 31 octobre ¨¤ Shenzhen, pour visiter le showroom technologique de Huawei (au cœur de son immense campus de 2km2) et rencontrer des acteurs locaux dans des rendez-vous d'affaire cibl¨¦s. Le chinois s'est raccroch¨¦ au French Tech Tour, une s¨¦rie de rendez-vous d'affaires organis¨¦s par Ubifrance dans trois villes chinoises, dont Shenzhen. Parmi les acteurs chinois associ¨¦s ¨¤ ces rencontres figure l'association des acteurs industriels de Shenzhen sp¨¦cialis¨¦s dans l'internet des objets, l'op¨¦rateur mobile China Unicom ou encore le site de e-commerce textile Xui.com. Pas ou tr¨¨s peu de start-up chinoises, qui ne b¨¦n¨¦ficient pas encore de la m¨ºme visibilit¨¦ et de la maturit¨¦ de leurs homologues françaises.
L'engagement de Huawei pour les start-up françaises s'inscrit dans un mouvement plus large, rappelle Isabelle Leung, directrice des affaires publiques de Huawei France. Il s'ins¨¨re dans la vaste plan d'investissement en France pr¨¦sent¨¦ avec Manuel Valls le 29 septembre, pr¨¦cise-t-elle. Huawei s'est alors engag¨¦ ¨¤ doubler ses effectifs en France en cinq ans et ¨¤ intensifier ses achats aupr¨¨s de fournisseurs français.Pour les start-up retenues, recevoir un tel prix (jusqu'¨¤ 100 000 euros par projet) est une aubaine, car les concours si richement dot¨¦s ne sont pas si fr¨¦quents. Cela nous donne de la visibilit¨¦, se f¨¦licite Juned Mohammad, de l'op¨¦rateur de drones civils Redbird. Habituellement, les grands groupes font de l'open innovation de façon plus souterraine. L'acteur français a pu rencontrer un acteur chinois du drone de loisirs pour ¨¦voquer un ¨¦ventuel partenariat.
M¨ºme enthousiasme pour Benjamin Ulrich d'Intent, qui batit un ¨¦cosyst¨¨me autour du batiment connect¨¦. Avec le coup de pouce de 100 000 euros, on a pu recruter une personne et lancer concr¨¨tement notre projet, se r¨¦jouit-il.
Au-del¨¤ de l'apport en cash forc¨¦ment bienvenu, la d¨¦marche de Huawei a pouss¨¦ les start-up ¨¤ r¨¦fl¨¦chir ¨¤ leur internationalisation. Lorsqu'on a dit aux laur¨¦ats qu'ils partaient en Chine, beaucoup nous ont r¨¦pondu : qu'est ce qu'on va y faire ?, sourit Raouti Chehih, directeur g¨¦n¨¦ral d'Euratechnologies. R¨¦flexion faite, ils y ont tous puis¨¦ des choses int¨¦ressantes.
C'est vrai que pour nous par exemple, qui n'avons qu'un an d'existence, aller en Chine si tôt n'¨¦tait pas dans nos priorit¨¦s, reconnaît Thierry Desforges, cr¨¦ateur du projet lyonnais Monpotagercom. La pr¨¦paration du voyage nous a pouss¨¦s ¨¤ penser si le projet ¨¦tait exportable, et comment, avec quels changements d'approche, d'interface¡ Nous avons pu rencontrer la chambre d'agriculture de Canton et une grande entreprise de production maraich¨¨re. Au final c'est tr¨¨s enrichissant.
D'autres start-up s¨¦lectionn¨¦es avaient d¨¦j¨¤ le sujet Chine dans leur viseur. C'est le cas de Lima, qui a conçu une solution d'unification de la m¨¦moire de tous les ordinateurs et terminaux connect¨¦s. La start-up, qui avait effectu¨¦ une lev¨¦e de fonds ¨¤ succ¨¨s en juin, travaille d¨¦j¨¤ avec des fournisseurs de Shenzhen. Les inventeurs de semelles connect¨¦es pour diab¨¦tiques Feet Me ont eux prospect¨¦ pour trouver leurs futurs partenaires industriels. Nous sommes en plein dans la phase d'industrialisation, le timing est id¨¦al, glisse Alexis Mathieu, le co-fondateur de la jeune pousse parisienne.
Si la premi¨¨re journ¨¦e du s¨¦jour ¨¦tait consacr¨¦e ¨¤ des rendez-vous B2B, le deuxi¨¨me jour a ¨¦t¨¦ mis ¨¤ profit pour r¨¦fl¨¦chir collectivement aux moyens d'am¨¦liorer les relations ¨¦conomiques entre la France et la Chine. Les participants des deux pays ont planch¨¦ sur une s¨¦rie de propositions concr¨¨tes, par petits groupes, sur diff¨¦rentes th¨¦matiques : ¨¦ducation, culture, partenariats... Leurs r¨¦flexions seront regroup¨¦es dans un livre blanc, r¨¦alis¨¦ avec Cap Gemini, publi¨¦ avant la fin de l'ann¨¦e.
Tous les acteurs s'accordent pour dire qu'une action ponctuelle ne suffit pas pour tisser des liens forts entre les ¨¦cosyst¨¨mes des deux pays : il faudra des rencontres r¨¦guli¨¨res pour tisser la confiance et avancer. Huawei ne compte d'ailleurs pas en rester l¨¤ : la division française, apr¨¨s avoir pr¨¦sent¨¦ ce projet aux repr¨¦sentants des autres pays dans lesquels le Chinois est pr¨¦sent, en janvier, enclenchera la phase 2 du projet l'an prochain. Fera-t-il le voyage retour en emmenant des acteurs chinois, notamment des start-up, en France ? Les acteurs français de l'¨¦cosyst¨¨me sont demandeurs mais rien n'est encore d¨¦fini. Une chose est sûre : on a commenc¨¦ ¨¤ ¨¦crire la premi¨¨re page d'un livre et on ne va pas s'arr¨ºter l¨¤, assure Isabelle Leung.
Les violences polici¨¨res qui ont secou¨¦ les Etats-Unis r¨¦cemment ont soulev¨¦ la question d'outils plus adapt¨¦s ¨¤ la r¨¦alit¨¦ du terrain pour les forces de l'ordre. Yardarm Technologies, une start-up californienne fond¨¦e en 2013, a cr¨¦¨¦ un capteur qui permet de suivre les actions des armes ¨¤ feu en temps r¨¦el.
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